15 mars 1657 : Décès de Françoise Giffard de Saint-Ignace ; la perte d’une amitié spirituelle précieuse pour Marie-Catherine de Saint-Augustin
La Mère Françoise de Saint-Ignace, fille du Dr. Robert Giffard, premier médecin à l’Hôtel-Dieu de Québec, est la première canadienne à s’être consacrée à Dieu dans la profession religieuse. Elle était pensionnaire chez les hospitalières depuis 1641 et c’est le 4 octobre 1648, à l’âge de 14 ans, qu’elle prit l’habit sous le nom de Sœur de Saint-Ignace, comme l’avait souhaité la première supérieure du même nom, décédée 2 ans auparavant.
Catherine, pour sa part, avait 16 ans à son arrivée en Nouvelle-France le 19 août 1648, soit tout juste 1 mois et demi avant la prise d’habit de Françoise Giffard, qui allait devenir bien vite une amie précieuse pour Catherine, étant toutes deux presque du même âge.
Les 2 jeunes hospitalières développèrent une amitié spirituelle profonde durant les 9 années qu’elles vécurent ensemble. Le décès de la Mère Françoise de Saint-Ignace, à seulement 23 ans, fut alors une perte sensible pour Catherine.
Les Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec de 1636 à 1716 relatent à propos de la mort de cette jeune sœur :
« Ma Sr Marie Françoise Giffard de St-Ignace tomba malade fort dangereusement quelque temps avant la mort de Madame sa sœur. Elle eut cependant un mieux qui nous fit croire qu’elle guérirait parfaitement, mais son mal redoublant bientôt, elle souffrit des douleurs si cuisantes qu’elle nous faisait compassion. Elle les supporta tout l’hiver avec une patience héroïque et une sainte joie qui nous charmait, et le 15e de mars de l’année 1657, elle mourut âgée de 23 ans. C’est la première canadienne qui se soit consacrée à Dieu par la profession Religieuse.
Elle s’acquittait de toutes ses obligations avec une ferveur et une perfection que nous admirions toutes. Elle était pleine d’esprit, douée d’une grande douceur et d’une prudence au-dessus de son âge. Son innocence et sa pureté étaient angélique; elle avait une humilité sincère et profonde, une charité ardente et une fidélité exacte à tout souffrir pour Dieu. Tout le pays accourut à ses funérailles, bénissant le Seigneur de ce que cette Colonie avait donné au Ciel une si belle fleur. Comme la vie de cette aimable Religieuse avait été un modèle raccourci de toutes les vertus, sa mort nous causa une sensible affliction, quoi qu’elle fût adoucie par une consolation secrète qui nous assurait de son bonheur, mais nous ne pouvions voir notre maison privée d’un si bon sujet sans en ressentir beaucoup de peine. »[1]
Si cette jeune religieuse semblait avoir été affectionnée par l’ensemble de la communauté, elle l’avait été d’une façon toute particulière par Catherine.
Un extrait de la biographie écrite par le Père Paul Ragueneau nous en dit davantage sur cette amitié spirituelle, qui se continue même entre ciel et terre, et où le but ultime est la montée de l’âme vers Dieu.
« La Mère Françoise de saint Ignace, fille de Monsieur Giffard, Hospitalière dans la même Communauté, étant morte le 15. Mars 1657. Nôtre Catherine fut peu de jours après son enterrement dans le caveau où l'on avait mis le corps de cette défunte pour le visiter; à cause de la particulière affection qu'elles s'étaient portées l'une à l'autre; d'où étant retournée, et priant devant le saint Sacrement dans le Chœur, elle sentit présente d'une façon spirituelle, celle qu'elle venait de visiter; et qui lui parlant intérieurement lui disait: « Voulez-vous être délivrée de vos tentations ? J'espère d'en venir à bout, si vous le désirez: Mais prenez garde que l'humilité n'en souffre: Je vous aimais beaucoup dans le monde; mais je vous aime encore beaucoup davantage dans le Ciel. » Elle (Marie-Catherine) lui fit réponse: Vous savez mieux que moi ce qui m'est meilleur; je demande seulement la fidélité, je demanderai là-dessus l'avis de mon Confesseur. »[2]
Voilà un merveilleux exemple d’une amitié toute centrée en Dieu, qui est un stimulant vers la sainteté.
Geneviève Bernier
Centre Catherine de Saint-Augustin
En supplément : Courte biographie du Dictionnaire biographique du Canada http://www.biographi.ca/fr/bio/giffard_marie_francoise_1F.html
[1] Annales de l’Hôtel-Dieu de Québec 1636-1716. p. 93-94
[2] Paul RAGUENEAU, La vie de la Mère Catherine de Saint-Augustin, Paris, 1671, p.67
Voir toutes les nouvelles